
« La grossesse, c’est que du bonheur ! » Le plus gros mensonge entendu par une femme enceinte, symbole d’un tabou sociétal énorme lié à la maternité.
Oui, les tabous commencent dès que tu es enceinte. On ne souhaite pas entendre qu’une femme enceinte a des difficultés, on souhaite encore moins en parler.
On ne veut pas faire état des grossesses difficiles, surtout sur le plan psychologique. Dans l’imaginaire collectif, une femme enceinte est rayonnante, heureuse, pleine de vie et pétillante.
En réalité une femme enceinte peut avoir une grossesse pathologique, souffrir de désagréments, avoir des difficultés à se projeter avec un enfant et même faire une dépression.
Pourquoi n’en parle-t-on pas et quels sont ces tabous si présents qui ne permettent pas aux femmes de s’exprimer librement sur leur grossesse ?
Les raisons pour lesquelles la grossesse est remplie de tabous !
La grossesse est taboue en elle-même et elle l’est pour de multiples raisons, culturelles et historiques. Je citerai dans cet article les 3 qui me paraissent être les principales.
Le tabou du premier trimestre de la grossesse
De tout temps, le premier trimestre de la grossesse a du être tu par les femmes. Il représente le risque de fausse couche.
Il y a quelques siècles, la femme n’avait confirmation qu’elle était réellement enceinte que quand elle sentait bébé bouger, soit entre le 4ème et le 5ème mois de grossesse.
Aujourd’hui, les fausses couches représentent 10 à 15% des grossesses en France.
Les femmes sont donc invitées à se taire et vivre les désagréments du premier trimestre tel que les nausées, le mal de ventre et l’angoisse d’une fausse couche sans réel soutien ou compréhension.
Finalement, à l’annonce de la grossesse, les premiers maux de la grossesse sont, pour la plupart des cas, passés. Et personne n’en a fait état…
Cela ne va pas sans nous impacter psychologiquement.
Le tabou de la politique nataliste d’après-guerre
Sociologiquement, nous sommes restés dans cette politique nataliste d’après-guerre qui prônait la grossesse et l’enfant.
Et quelque part, on taisait les difficultés de la grossesse pour ne montrer que la beauté de devenir mère.
Il s’agissait en réalité avant tout de favoriser les naissances. Pour autant, un tabou s’est installé autour de la grossesse et de la maternité afin que les femmes aient plusieurs enfants.
Il s’est transmis de générations en générations pour finalement nous arriver intact ! Ce sont nous, les femmes, qui en payons le prix aujourd’hui.
« La grossesse c’est que du bonheur » en est une illustration parfaite !
Une future mère parfaite en devenir : l’omerta sur sa grossesse
Conséquence directe de la politique nataliste : la femme enceinte représente une future mère parfaite !
En tant que future mère, elle ne doit montrer aucune faille avant !
Alors, pourquoi devrait-on s’attarder sur des difficultés ressenties pendant la grossesse ? Cela en ferait, dans l’inconscient collectif, une mère déjà défaillante !
Finalement, toutes ces raisons si ancrées dans notre société, nous poussent, nous les femmes, à taire notre grossesse, à ne pas faire état de nos difficultés. A finalement entrer dans l’omerta de la future maman !
Je n’ai qu’une pensée à transmettre au travers de cet article. Défaisons-nous de ces tabous pour que nos filles et nos futures belles-filles n’aient pas à se justifier d’un désir ou non d’enfant. Pour qu’elles puissent exprimer librement et sans jugement sur leur grossesse, leurs pensées et leurs ressentis.
Déconstruisons ces tabous, pour au moins les 4 plus grands !
La grossesse n’est pas que bonheur : un tabou à déconstruire d’urgence
Arrêtons de dire que la grossesse c’est que du bonheur !
Entre les nausées, la constipation, les maux de ventre, le changement du corps, l’angoisse de le perdre, des examens….
Non, a priori, ce n’est pas 100% bonheur !
Personnellement, je n’ai pas spécialement aimé être enceinte… Pour autant, j’aime inconditionnellement mes enfants.
Le penser et le dire, ce n’est pas être une mauvaise mère. C’est simplement être consciente que la grossesse est une étape choisie de la vie qui n’apporte pas que de l’épanouissement.
C’est aussi des hormones en « foufelle », un milliard d’angoisses et 9 mois qui s’éternisent !
Au-delà d’une grossesse qui se passe bien, il y a aussi les grossesses pathologiques, à risque. Il y a également les parents qui sont confrontés à des choix difficiles. Et bien évidemment, dans toutes ces situations, ce n’est pas que du bonheur !
Alors, prenons la grossesse comme toute étape de la vie et arrêtons d’en faire un rêve et de vouloir taire les difficultés !
Cela aidera beaucoup plus de mamans qu’on ne le pense.

Une grossesse ne peut pas être pathologique : merci de déconstruire ce tabou au travail !
Quoi qu’on en dise, une grossesse est toujours la « plaie » au travail ! Finalement assez mal vue, elle est synonyme de galère pour les employeurs.
Entre le congé maternité, l’éventuel congé parental que la salariée peut donner « tardivement », les arrêts et l’après bébé…. Ton employeur, même s’il te félicite, est en général en train de se dire « comment je vais faire ! »
A cela s’ajoute le congé pathologique et les éventuels arrêts si ta grossesse est difficile…
Devant cette perspective, ton manager a toujours tendance à te « booster » du genre « tu tiens le coup ? » « Oh, les médecins maintenant sont prévoyants mais bon… Une grossesse, c’est pas une maladie ! ».
Bref, personne ne te parlera de grossesse pathologique au boulot. Pour eux, ça n’existe pas !! 😊
Résultat : le femme enceinte a du mal à parler de ses difficultés et a peur de passer pour la « feinéasse de service ». Parce qu’au final, c’est bien connu : « une femme qui a un enfant change après au travail ».
D’ailleurs, si tu souhaites retrouver toutes ces questions « à la con », tu les as dans ce livre ! 😉
Bref, l’entreprise est l’un des premiers piliers créateurs de tabous en matière de grossesse difficile ! Et il serait temps de former les managers à cette situation finalement réelle et banale !
Une future maman a peur, appréhende, se pose des questions : parlons-en enfin !
Venons-en au « t’es enceinte, ça va il y a pire ! Pourquoi t’as peur ?? » Dans le genre classe, on ne fait pas mieux !
Dans l’imaginaire collectif, une future maman n’appréhende pas, est heureuse et a confiance en elle et en son instinct.
Dans la réalité des faits, une future maman flippe, surtout au dernier trimestre, se demande comment tout cela va se passer et angoisse sur un milliard de trucs !
Et c’est normal !! Finalement, quand c’est notre premier enfant, on ne connait pas, on découvre ! Et quand c’est notre second, on se demande si ça va se passer comme le premier et comment la fratrie va évoluer… Et ainsi de suite !
Ce qui est paradoxal d’ailleurs, c’est que les gens ne veulent pas entendre quoi que ce soit sur nos doutes enceintes. Pour autant, ce sont les premiers à critiquer, donner je ne sais quel conseil une fois bébé arrivé…
Mais c’est un autre sujet…
Pendant la grossesse, ne pas se sentir le droit d’évoquer nos craintes nous fait parfois nous isoler et douter encore plus. On se sent par moment incomprises aux yeux de certains.
Et surtout, on ne se sent pas le droit d’en parler face aux personnes qui prônent une grossesse rose pastel ou bleu layette…
Alors, à toi qui me lis, je te dis juste : cet état fébrile est normal !! Et même si c’est ton deuxième ou troisième bébé !!
Parles-en et fais-fi de tous ces tabous…
Il existe une difficulté prénatale et il est important de faire de la prévention
En réalité c’est en parlant chacune à notre tour que nous déconstruirons les tabous de la grossesse. Nous participerons à mettre des mots sur les maux et à enfin faire de la prévention !
Il existe une difficulté prénatale et elle a toujours existé ! Qu’elle soit petite ou plus importante, exprimons-nous sur ce sujet.
Cela permettra à beaucoup de futures mamans de ne plus se sentir honteuses. Oui, une fois, une future maman m’a dit qu’elle avait l’impression de faire une déprime alors qu’elle était enceinte et qu’elle en avait honte.
Comment peut-on laisser des femmes avoir ce sentiment au XXIème siècle ? Comment peut-on dire qu’on vit dans une société de liberté alors que les femmes sont victimes de tabous dès la grossesse ? Comment peut-on parler d’égalité homme-femme alors que l’on est encore et toujours jugées si l’on exprime la moindre difficulté ? Enfin, comment peut-on faire de la grossesse une étape de la féminité ?
Cet article t’a parlé au plus profond de ton être ? Partage-le, exprime-toi. Faisons bouger les lignes ensemble pour nos filles et nos futures belles-filles.