Postpartum, maternité et tabous : on se dit tout ?

Postpartum, maternité et tabous : on se dit tout ? mamrou louve

Définition de la maternité et du postpartum 100% bonheur : plus gros mensonge inventé par notre société qui sert de premier tabou !

Il existe beaucoup de tabous dans notre société. Beaucoup de sujets dont on n’aime pas parler parce qu’ils ne reflètent pas une belle vision du monde comme on se l’imagine… Et tout ce qui traite de la maternité en est un bel exemple !

On aime présenter le postpartum comme une période chargée de bonheur, de sourires et de magie. Et les voix qui s’élèvent contre cette vision partielle sont souvent considérées comme des emmerdeuses !

On dit de ces femmes qu’elles ne contribuent pas à faire avancer les choses. Qu’elles font peur aux futures mamans ou qu’elles ne pensent pas aux femmes qui ont du mal à avoir un enfant.

Je suis l’une de ces voix et je dis que tout cela est faux. Je pense que nous contribuons à lever les tabous sur la maternité, non pas pour faire peur mais pour montrer aux futures mamans que c’est normal d’avoir des difficultés en postpartum.

Nous ne leur mentons pas mais les incitons à exprimer ce qu’elles ressentent pour ne pas que leurs difficultés deviennent énormes.

Nous participons aussi à les déculpabiliser.

On pense aux femmes dans toute leur diversité et toute leur féminité. En réalité, nous faisons de la prévention pour qu’elles se sentent mieux.

Il ne sert à rien de cacher un mal : il empire ! Au contraire, nous participons à délier les langues et à s’exprimer autour du postpartum, autour de la maternité heureuse mais difficile.

Dans cet article, j’ai décidé de te dire ce que je pense réellement et quels sont pour moi les plus gros tabous en matière de postpartum et de maternité.

Les raisons pour lesquelles le postpartum et la maternité sont remplis de tabous !

Oui, je le dis et je l’écris : la réalité de la maternité et du postpartum est tue ! Ca ne veut pas dire qu’avoir un enfant est une catastrophe, bien au contraire.

Ca veut tout simplement dire que le postpartum comme la maternité font partie de la vie. Et, à l’image de la vie, ils présentent leur lot de difficultés. Les taire est tout simplement dangereux… Je t’explique pourquoi tabou par tabou !

Une bonne mère est une maman qui aime son enfant, ce n’est pas une mère parfaite : un tabou à déconstruire d’urgence

Le tabou de l’imperfection est ancré solidement dans notre société aujourd’hui. On n’explique pas aux jeunes mamans que c’est dans leur imperfection qu’elles font LA maman de LEUR bébé !

On ne leur dit pas que leur caractère unique fait d’elles des mamans originales et inimitables. Que finalement, c’est bien ça qui fait la beauté du lien maman/bébé.

On leur fait croire que pour être une bonne mère, il faudrait être parfaite ! Et 100% des mamans tombent dans le panneau à un moment de leur maternité. Résultat des courses : épuisement maternel assuré…

On sous-entend aujourd’hui qu’une bonne mère est une mère 0 défaut… Moi, je te dis qu’une bonne maman aime son enfant, tout simplement.

Je te dis aussi qu’il est dangereux d’être une mère parfaite. A la fois pour ta santé mentale, morale et physique mais aussi pour ton bébé !

Avoir une mère parfaite qui gère tout, ce n’est pas lui laisser penser que la perfection est la norme ?? Que de pression sur ses petites épaules et sur les tiennes…. Que de danger lorsqu’il sera confronté à lui-même… Quelles difficultés à s’accepter et finalement quelle déception pour lui lorsqu’un jour, il comprendra que tout cela n’est qu’une façade épuisante !

Alors, toujours prête à entretenir le tabou de l’imperfection ou bien décidée à le faire voler en éclat avec moi ?

Le postpartum et la maternité ne sont pas rose pastel ou bleu layette : disons-le haut et fort

Ah le fameux mythe du tout beau tout rose (ou tout bleu)… Qui ne sert qu’à envoyer un message de faiblesse aux mamans qui ressentent des difficultés…

Qu’il est pénible et dangereux…

A toi qui me lis : il est tout à fait normal de ne pas se sentir heureuse 100% du temps quand on est en postpartum.

C’est une période délicate de la vie qui peut mener à de petites et grandes difficultés. Il s’agit d’un des plus gros chamboulements de ta vie.

Alors bien sûr que non, ce n’est pas que du bonheur. C’est souvent un grand bonheur de manière générale. Pour autant, sache que :

  • La fatigue maternelle concerne 78% des mamans,
  • Le changement de rythme de vie, 35% des mères,
  • Le sentiment de solitude, 31%,
  • Les complexes, 27% d’entre nous,
  • Le manque de confiance,26% des mamans,
  • La dépression postpartum, entre 20 et 30%

Cette étude fait tout simplement prendre conscience que le tabou de la maman qui ne va pas bien est tout simplement cruel…

La difficulté maternelle n’est pas une vue de l’esprit : un tabou dangereux

Oui, la difficulté maternelle existe et je viens de te le prouver avec cette étude. Elle existe et en plus, elle est répandue sous diverses formes plus ou moins importantes.

Finalement, ne pas en parler et faire penser aux mamans qu’elle n’existe pas revient à les faire taire.

En plus d’être cruel, c’est extrêmement dangereux que ce soit pour les mamans ou pour les enfants. Ne rien dire peut créer une réelle distance entre la mère et son bébé.

Au-delà de la société, je dirais que ces tabous sont finalement un vrai problème de santé publique.

Peut-être que tu penses que je vais fort à dire ça mais si on reprend la définition du problème de santé publique, on y est bien.

Mon ami Wikipédia me dit qu’un problème de santé publique se définit « pour un groupe de personnes ou une population, comme la différence critique entre l’état de santé réel, mesuré par des indicateurs et l’état de santé recommandé par des normes ».

Lorsque l’on reprend les chiffres donnés plus haut et qu’on imagine que l’état de santé recommandé pour les jeunes mamans est un bon état général, physique et moral, je peux affirmer que la difficulté maternelle au sens large est un problème de santé publique.

Et je peux également affirmer que ne pas en parler ou l’ignorer ne fait que renforcer ce problème…

La maman doit être suivie en postpartum, ne nous taisons pas !

J’en viens naturellement au suivi du postpartum qui, pour moi, est quasi inexistant. Il est temps de s’y intéresser et de faire intervenir des professionnelles en périnatalité. A ce titre, je salue la création de l’entretien postnatal précoce pour dépister notamment les dépressions postpartum.

Une belle avancée qui j’espère en annonce d’autres parce que seule, elle sera je pense insuffisante. N’oublions pas que 20% des dépressions postpartum surviennent entre la naissance et 3 mois. Selon les chiffres, ce serait 40% entre 3 et 6 mois, période de reprise du travail.

Je pense donc que la reprise du travail doit être scrupuleusement suivie en postpartum également.

L’adage « mieux vaut prévenir que guérir » commence tout doucement à être entendu.

Pour autant, il est urgent pour les mamans, les bébés et j’irais même jusqu’à dire, pour les entreprises et l’Etat de mettre les moyens sur le renforcement du suivi postpartum.

Je serais curieuse de connaitre les résultats d’une étude sur :

  • Le bien-être des mamans lorsqu’elles sont suivies en postpartum,
  • Le mieux-être à la reprise du travail,
  • Le coût d’un suivi général en comparaison des arrêts dans l’année qui suit la naissance de bébé.

Je pense que cette étude finirait de convaincre qu’il est grand temps de considérer le postpartum tel qu’il est et de le suivre.

Renforcer le suivi, c’est aussi réduire l’isolement des mamans et atténuer leur difficulté, qu’elle quelle soit.

Parce que ne pas suivre le postpartum, c’est laisser ce choix à la sphère du privé. C’est finalement laisser l’entourage influer sur un choix de santé important. C’est également ne pas donner l’opportunité à toutes les mamans de se faire aider, et je pense notamment aux inégalités financières.

Finalement, c’est faire le choix de laisser gagner ces tabous si dangereux…

Partage l’article pour qu’un jour il arrive aux yeux du pouvoir public !

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