Interview Sandra Delabarre Hypnothérapeute

Aujourd’hui, certaines langues se délient autour du mal-être des mamans. Non pas qu’il n’a jamais existé, simplement : on commence à en parler dans la sphère publique (malheureusement cela reste toujours tabou dans la sphère privée).

Dans la sphère publique, on prend conscience petit à petit qu’en en parlant, on construira certainement un monde meilleur pour nos filles et nos belles-filles. On se dit qu’elles pourront vivre une maternité et une parentalité choisie, éclairée et non jugée…

Mais pour construire ce monde, encore faut-il savoir ce qui se joue dans notre inconscient et dans l’inconscient collectif quand on parle maternité.

C’est en rencontrant Sandra sur Instagram que je me suis dit que seule une hypnothérapeute pouvais nous décrypter ce qui se joue en nous. Et surtout comment sortir de nos schémas maternels pour ne plus subir ce mal-être et vivre une parentalité choisie !

Bonjour Sandra, peux-tu nous expliquer ce qu’est exactement l’hypnothérapie et ce en quoi elle peut aider les mamans et futures mamans qui vivent un mal-être ?

L’hypnothérapie est une pratique de bien-être, reconnue par l’Organisation Mondiale de la Santé.

L’hypnose entre dans les médecines complémentaires. C’est-à-dire, qu’elle est seule dans le cadre du bien-être, ou complémentaire à une prise en charge médicale quand c’est nécessaire. Par exemple, pendant la grossesse, il y a d’abord le suivi médical de la sage-femme ou du gynécologue. Dans ce cas, l’hypnose périnatale intervient en complément.

Autre exemple en ce qui concerne les dépressions, l’hypnose seule peut faire plus de mal. Il y a d’abord le diagnostic et le suivi médical. L’hypnose apporte du mieux-être , du soutien et permet d’avancer, cheminer.

L’hypnothérapie, tu l’auras compris, n’est pas l’hypnose de spectacle, de loisirs. L’hypnothérapie est souvent basée sur des suggestions, des métaphores, en lien avec les besoins ressentis et les objectifs désirés.

Dans le respect, dans l’écoute active et la bienveillance. Je ne juge pas les histoires de vie des unes et des autres. Nos vies, nos tumultes, nos joies sont ce qu’ils sont et n’ont pas à être jugés mais à être écoutés pour aider.

L’hypnose agit alors en activant ou en ralentissant certains processus automatiques. Elle a ainsi une action physiologique. Le mental agit sur l’organisme, qui va à son tour faire du bien au mental. C’est un cercle vertueux.

Cette discipline crée bien souvent des fantasmes et subit des clichés. Peux-tu nous expliquer comment se déroule une séance d’hypnothérapie ?

Alors en effet, ces fantasmes sont alimentés par l’hypnose de spectacle, qui donne l’impression de manipulation.

Or, toute hypnose est avant tout auto hypnose. Parce que la personne a envie.  D’autre part, en hypnothérapie, c ‘est beaucoup plus doux, soft.

Tout débute par l’anamnèse (1): la personne me dit pourquoi elle vient. On a un échange, pour savoir ce qu’elle ressent, ce vers quoi elle veut aller. J’observe, j’écoute les mots, leur champ lexical, le regard qui me dit si la personne visualise ou ressent.

Dans cette phase, je crée le rapport : c’est cette confiance qui s’établit. La personne doit se sentir bien, écoutée, respectée.

Vient ensuite le moment de l’induction hypnotique (2): la personne s’installe confortablement, et se focalise sur ma voix. Je l’amène à ce que l’on appelle une dissociation hypnotique. Elle entend tout et est maître de tout ce qu’elle vit. Et en même temps, elle est centrée sur ses ressentis. Et c’est tellement agréable, que la personne préfère rester ainsi, posée et détendue et écouter encore.

On passe alors à la phase de travail (3) : elle est constituée de mes suggestions en lien avec ce que j’ai recueilli durant l’anamnèse, et de métaphores, de protocoles. A ce moment-là, la personne entend (et donc son conscient est présent toujours). Ce que je dis va provoquer un imaginaire, des ressentis, de la visualisation positive, qui parle à l’inconscient. Notre cerveau (dans la manière de stocker et de se servir des informations) ne fait pas la différence avec la réalité et le “Comme si”. C’est comme s’il vivait vraiment ces choses positives, ressourçantes, rassurantes, empruntes de bonnes émotions.

Ensuite, sortie de transe hypnotique (4) : je futurise, c’est à dire que la personne sera en capacité d’utiliser ces nouvelles ressources à chaque fois qu’elle les activera, dans d’autres situations similaires.

… Tu vois, c ‘est un beau moment.

Dans les séances à télécharger (comme celles que j’offre ou celles du pack femme enceinte, dispo sur ma page instagram), il n’y a pas d’anamnèse personnalisée.

Dans ce cas, on utilise les éléments connus en lien avec les problématiques abordées (peurs, douleur, trouble du sommeil) et l’accompagnement veillera à parler à chacune des personnes.

Et plus on pratique, plus on va facilement en hypnose, en bien-être.

Quelles sont les causes les plus fréquentes que tu rencontres dans le mal-être des mamans et des futures mamans ?

Les futures mamans qui viennent à moi sont submergées par les peurs de douleur, peur de ne pas aller jusqu’au bout, peur de ne pas être à la hauteur. Peur de jugement de la famille, belle famille.

Elles ont aussi envie de créer ou magnifier le lien mère enfant, dont on sait qu’il se crée très tôt durant la grossesse.

Certaines futures mamans utilisent cette approche complémentaire, AVANT de débuter le parcours FIV et PENDANT. En effet, il a été démontré, par des études que l’hypnose améliore la réussite des parcours PMA.

Les mamans quant à elles viennent plus lorsqu’elles sont sous la vague de fatigue, de stress, de pleurs, de changement d’humeur. Elles viennent pour sortir la tête de l’eau.

Nota Bene: il est démontré que les futures mamans qui prennent soin d’elles (de leur psyché) ont moins de risque de faire de troubles du post partum. Ce qui est logique… mais ça va toujours mieux en le disant.

Pourquoi la société met autant de pression sur les épaules des femmes et des mamans ?

Nous sommes gérés, par nos centres primaires, ceux des automatismes, le système limbique. Et là, notre côté animal est prépondérant.

L’homme est un chasseur, il nourrit la famille, il protège (tu remarqueras que c’est encore très présent en nous, en 2022, même si on s’en offusque).

Et la femme, elle est celle qui donne la vie et élève. Donc, qu’on le veuille ou non, nous sommes marqués de cette coloration, au fin fond de nous.

Sauf… que nous ne sommes plus des Cro-Magnon !

Aujourd’hui, l’Homme a évolué, et la répartition des rôles n’est plus aussi clivantes. Aussi marquée. Donc déjà là, il y a une forme de dissonance, que l’on accepte car on veut faire ce que l’on veut de nos vies.

Et puis, la psyché a été étudiée : elle a donné lieu à des connaissances, plus ou moins justes. Qui ont donné lieu notamment à la psychanalyse selon Freud.

Et selon lui, les troubles viennent de nos instincts les plus primaires ET de nombreux troubles (toujours selon Freud) sont imputables … à la mère ! Toute cette évolution de la médecine psychanalytique a beaucoup influencé nos croyances sociétales. Et donc, nos propres croyances, qu’elles soient conscientes ou non.

Les médias en rajoutent, avec des images magnifiées qui culpabilisent, ou des états de fait, qui deviennent des injonctions. “Il faut…”, “Vous devez…”. Tout cela nous culpabilise aussi.

… sinon, les mecs… ça va ? (Sourires)

A quelles origines relies-tu ce mal-être maternel et féminin ?

 Nous sommes celles qui faisons les bébés, alors d’emblée, la société a trouvé au travers de ses gènes, au travers de la psychanalyse, le terreau fertile du mal-être des mamans.

Notre société véhicule une image rêvée qui fait vendre : le beau, calme, épanoui… C ‘est sûr que nous, nos propos ne font pas briller les paillettes… Par contre, les langues commencent à se délier. On voit les images de pleurs, de peur, de douleur morale et physique.

Et c’est bien !

Pour toi, comment faire pour ne pas être déstabilisée par les dogmes sociétaux en matière de maternité ?

Tout commence par faire un pas de côté.

Ok je suis une jeune maman, mais je me suis informée et est-ce que je fais mal… ? Bah non !

Je peux me questionner ? OUIIIIII.

Alors quand on doute, nul besoin de sombrer. Juste de discuter avec les BONNES personnes.

Si je fais une erreur. Bah comme tout le monde, vous en ferez. Donc Si ce n’est pas une erreur vitale, pas de panique. Surtout que ma génération on faisait d’une manière, désormais on fait autrement…. Faites-vous plus confiance. A vous et à votre bébé.

Et si vous voyez que rien ne change alors, allez vers les bonnes personnes (ex/ medecin, sage-femme).

Attention aux réseaux, où l’on poste les photos en demandant à la communauté ce qu’elle en pense !!!!! Vous les connaissez ? Vous confieriez votre bébé ? Non… Donc prenez de la distance. Reprenez votre pouvoir. Celui de vous poser, calmement, et de vous poser les bonnes questions.

Prenez de la distance et prenez SOIN DE VOUS. Déléguez, osez confier des taches aux autres qui ne demandent qu’ à vous aider, très souvent.

Et ACCEPTEZ de ne pas être parfaite : le rangement, les repas, l’habillement, l’éducation…

Ohhhhhhh vous n’êtes pas une machine ! Ca ne plait pas? Voilà une belle occasion de déléguer ! tu n’as qu’à faire. Pas dans le reproche attention. Remerciez de l’aide, de la participation.

Quelles actions suggères-tu à une maman ou une future maman qui ressent un mal-être profond dans son rôle ou une grande peur ?

Prendre conscience que c’est normal : on n’apprend pas dans un livre. Il n’y a pas UNE BONNE technique de faire et vivre les choses.

Accepter d’avoir des peurs et des doutes. Nous sommes des êtres humains, pas des machines.

Prendre du recul pour voir la situation autrement et relativiser : est-ce grave ou pas? NON…… TTtttttttt alors ça sera imparfait et ce sera bien comme ça.

Prendre du temps pour soi: lecture, marche, musique, être seule ou au contraire en groupe. Massage, coiffeur, se faire les ongles ou un masque.

Se faire accompagner quand ça ne va pas. Nous sommes là pour ça. En parler. Simplement. Sans culpabiliser, sans honte.

Si tu avais 1 seule astuce hypno à donner aux jeunes mamans, laquelle serait-elle ?

Apprendre l’auto hypnose, pour pouvoir créer sa bulle de bien-être, qu’on appelle safe place.

Mon programme de séances d’hypnose périnatale, le pack femme enceinte contient une séance d’apprentissage à l’auto hypnose pour rendre les futures mamans autonomes, pendant et après la grossesse (c’est en plus des 9 séances, et en plus des 9 bonus !!!)

Sandra, je te remercie énormément pour cette interview, pour la profondeur de nos échanges et la présentation de ta profession passionnante. J’ai adoré faire cette interview.

Les mamans, vous pouvez retrouver Sandra sur Insta et sur son site !