Mères fatiguées: quand le mythe de la toute-puissance épuise

Mères fatiguées: quand le mythe de la toute-puissance épuise mamrou louve

Une mère est-elle réellement responsable de tout ce qui arrive à son enfant ? Est-elle toute puissante à ce point ? 

Voici les questions que je me pose quand j’entends que si un enfant est turbulent, c’est parce que sa maman ne le cadre pas assez. Ou lorsque l’on me dit que lorsqu’un enfant traverse une période difficile, c’est parce que sa mère néglige ses émotions par exemple.

Toute la vie et les difficultés seraient-elles liées uniquement à sa maman ? A tel point qu’elle aurait un pouvoir de toute-puissance sur lui ?

Bien évidemment que la présence aimante d’une maman est extrêmement importante dans la vie. Bien sur que l’éducation des parents compte dans une vie d’enfant comme d’adulte.

Mais de là à tenir responsables les mamans de tout, je pense qu’il y a une limite à éviter de franchir.

Le mythe de la maman toute-puissante n’est bon pour personne… Que ce soit pour l’enfant qui ne peut facilement s’émanciper ou pour la maman qui s’épuise, pensant inconsciemment qu’elle est seule responsable du bonheur ou du malheur de son enfant.

Le mythe de la mère toute-puissante qui épuise

Lorsque l’on y réfléchit, nous baignons dans un monde qui pense que la mère est toute puissante. Toute puissante dans la relation qu’elle entretient avec son enfant et dans la vie même de son enfant.

Ce mythe est d’ailleurs en corrélation avec celui de la perfection. Ainsi, inconsciemment, la société véhicule l’idée qu’en étant parfaite, la mère, toute-puissante aura des conséquences positives sur la vie de son enfant.

A l’inverse, en n’étant pas parfaite, elle aura tendance à avoir des conséquences négatives sur son enfant.

Prenons l’exemple de la reprise du travail. Une maman travaillant beaucoup se verra reprocher un manque de temps consacré à son enfant. On lui reprochera sans doute par la suite des comportements de son enfant tel que le temps passé sur les écrans. « Avec une mère qui travaille tout le temps, comment veux-tu qu’il ne soit pas livré à lui-même »… Tu l’entends aussi cette petite réflexion bien sentie ?

A l’inverse, une mère qui ne travaille pas se verra reprocher une relation trop fusionnelle avec son enfant. « Comment veux-tu qu’il sorte du giron de sa mère si elle est toujours présente ? » Tu l’entends aussi celle-ci ?

Bref, toute situation problématique (ou non d’ailleurs) sera reprochée à la mère et à ses choix éducatifs, voire son comportement.

Inconsciemment, nous avons toutes intégré ce mythe qui nous dit « que nous sommes les principales responsables » voire « les seules responsables » de ce qui arrive à nos enfants.

Ainsi, certaines mamans investissent toute leur personne, tout leur temps et toute leurs énergie dans leur rôle de mère pour éviter de mal faire. Quelque part en ayant l’impression que si elles ne le font pas, les conséquences sur leur enfant seront désastreuses.

D’autres mamans continuent leurs choix différents, par choix ou obligation, et finissent par culpabiliser d’être responsable des conséquences négatives observées par d’autres sur leur enfant…

Deux points communs réunissent ces mamans.

Elles se sentent uniques responsables de leur enfant et surtout des aspects considérés négatifs de la vie de leur enfant.

Elles s’épuisent que ce soit physiquement, psychologiquement et moralement à le penser et finalement à tenter de respecter ce mythe de la toute-puissance d’une mère.

Une mère, fatiguée ou non, est-elle responsable de tout ce qui arrive?

Mais au fond, la vraie question est celle-ci. Une mère, qu’elle soit fatiguée ou non, est-elle responsable de tout ce qui arrive à son enfant ? Ou de tous ses actes ?

Dans cet article, maman, je te réponds non. Tu n’es pas la seule responsable de tout ce qui arrive à ton enfant. Que ce soit le positif ou le négatif d’ailleurs.

Je ne te déresponsabilise pas en te disant cela. Tu es une personne extrêmement importante dans sa vie et tu as une influence importante. C’est indéniable.

Pour autant, tu n’es pas responsable en totalité de toute sa vie.

En réalité, l’enfant se forge un caractère, nait dans des conditions que tu ne maitrises pas forcément et fait ses propres expériences dès le plus jeune âge et parfois sans toi.

Ton enfant t’a bien sur en figure d’attachement. Pour autant, il en a aussi d’autres : le papa, la nourrice, les grands-parents… Plus tard, il ira à l’école, au centre aéré…

Et tout cela, tu ne peux pas le maitriser, le contrôler de sorte de le protéger. Tu ferais d’ailleurs pire : tu le couperais de ses propres expériences qui lui apprennent énormément.

Toutes les réussites comme les difficultés de ton enfant ne sont pas entièrement liées à toi. Dans sa plus tendre enfance, elles sont liées aux différentes personnes qu’il côtoie et à ses figures d’attachement mais aussi aux conditions extérieures et situations qu’il rencontre. 

Bien sur que tes choix, tes comportements ont des conséquences sur ton enfant mais il n’y a pas que cela. Et ton rôle n’est pas de tout contrôler ou maitriser pour éviter des conséquences néfastes. Mais plutôt de l’aider à surmonter les difficultés qu’il rencontrera inévitablement.

Maman, tu n’es pas toute puissante et il ne sert à rien de t’épuiser à vouloir l’être. Mais tu es assez puissante pour aider ton enfant.

Assumer ses responsabilités tout en rejetant sa toute-puissance maternelle

Verbaliser cela te permettra de te soulager du poids de la toute puissance qui pèse sur tes épaules. Et c’est une manière saine d’assumer ses responsabilités de parent tout en étant conscientes que nous sommes là pour guider nos enfants et les aider au mieux.

Bienfait pour les enfants et le foyer

Ainsi, ton enfant saura qu’il peut compter sur toi tout en apprenant l’autonomie et le plaisir de faire ses propres expériences (toute raison gardée : un enfant d’un an sera par exemple heureux de tester un jeu seul ou de marcher quelques pas sous un œil attentif mais sans aide directe).

Tout cela participera à son développement, son autonomie, son goût de la curiosité… Sans avoir ce que l’on appelle des « parents hélicoptères » qui contrôlent de peur d’avoir une conséquence néfaste.

Toi, maman, tu retrouveras petit à petit, goût aux différents rôles de ta vie également. N’oublie pas que tu n’es pas qu’une maman, tu es aussi une femme, une conjointe, une sœur, une amie, une fille, une salariée.

Et de soulager du poids de la toute puissance te permettra aussi de retrouver cette femme, cette salariée, cette amie, cette sœur, cette conjointe. Certainement pour le plus grand plaisir de ton conjoint.

Tout cela te fera du bien, que ce soit dans la gestion de ta fatigue, de ta charge mentale ou de ton moral. Mais cela fera du bien aussi à ton enfant et ton conjoint qui auront le plaisir de te retrouver ou de te découvrir pour ton enfant.

Bienfaits pour maman

Pour toi, maman, tu t’enlèveras enfin une grosse partie de culpabilité inexpliquée. Tu sais, si ton enfant est triste un jour, peut-être a-t-il eu un chagrin à la crèche ou à l’école. 

Ton rôle n’était pas dans la prévention de cette situation, bien souvent inévitable. Mais plutôt dans l’accompagnement de cette tristesse et dans la compréhension de la situation pour mieux le consoler et l’aider à progresser dans sa vie.

Savoir que tu n’es pas toute-puissante aura des bienfaits sur ta fatigue globale et sur ta santé.

Comment être en excellente santé quand on tente de maitriser l’incontrôlable ? Je ne pense pas que ce soit possible.

Alors, souffle maman et considère-toi comme un guide qui permettra plus tard à ton enfant d’être plus confiant.

En pensant ainsi, tu prendras bien plus confiance en toi et tu assumeras pleinement tes responsabilités.

L’avais-tu déjà formulé ainsi ? N’hésite pas à me partager ta réflexion !

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